Avec un hiver très pluvieux : en moyenne 110 mm de cumuls mensuels depuis le 1° novembre en Nord Bretagne (c-a-d près de la moitié de la pluviométrie annuelle normale en trois mois!), les parcelles de limons éoliens du littoral breton soufrent. Les parcelles de têtes de bassin versant présentent de très nombreuses connexions hydrauliques directes avec le chevelu hydrographique généralement pas ou mal protégés. Les écoulements de surfaces en parcelles entrainent particules de terres et pesticides vers les milieux aquatiques. Les bandes enherbées tassées et donc inefficaces sont bien repérables et les parcelles exagérément longues (200m, 300m,…,et bien sûr 500m ou plus) sont bien évidemment fortement contributives dans ces ruissellements hivernaux importants..
L’actualité météorologique met aussi en exergue les coins de champs creusés par des décennies de labours profonds, à la suite de très nombreuses décennies de labours moins énergiques, jouent un rôle important dans le passage des ruissellements vers les fossés et cours d'eau. Du côté amont des parcelles, les coins surcreusés ont plutôt un rôle bénéfique grâce au stockage de l'eau, cependant les plantes en place n'apprécient guère, notamment les colzas mais aussi les céréales lorsque cela dure longtemps comme cet hiver. En aval les coins de parcelles, non bordées de talus ou de haies, offrent un passage privilégié pour l'eau chargée de sédiments et de contaminants. Nous aurions intérêt, dans toute la France, en Navarre et bien sûr ailleurs, à redonner une micro-topographie plus normale à ces coins de bas de champs.
Les conditions climatiques actuelles rappellent tout le sens et l’intérêt des actions préventives, des zones tampons et plus largement de l’hydraulique douce. Dans les territoires les plus dynamiques sur ce sujet, les mesures développées depuis deux ou trois décennies ont démontré et démontrent leur efficacité. Mais il faut continuer à innover ou tout simplement à agir ensemble avec bon sens dans l’intérêt général pour restructurer les territoires agricoles et retrouver une bonne résilience .
Petit point relevé dans mes lectures (lien ci-dessous): je salue avec enthousiasme les initiatives visant à lutter contre les tassements irraisonnables des sols. La course au gigantisme des matériels de traction, de récolte voire de travail du sol et de fenaison, ne doit pas se faire au détriment de la fertilité des sols. Il serait urgent de promouvoir plus de transparence autour des effets non intentionnels de la course au « plus gros tracteur ».
http://www.paysan-breton.fr/2018/01/en-grandes-cultures-il-lutte-contre-la-compaction-du-sol/