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Coin de parcelle limoneuse, Plourivo (22) 14 déc 2019

Coin de parcelle limoneuse, Plourivo (22) 14 déc 2019

 

Des choix cohérents et courageux pour la protection des riverains vis-à-vis des phytosanitaires 

La publication du dossier de presse «mieux protéger les  riverains» inspire une première réflexion : la cohérence des choix. C’est certes un peu atténué par les chartes départementales, mais là aussi les curseurs annoncés restent tout à fait responsables en ne permettant pas une zone non traitée (ZNT) à 0 mètres. Je salue d’autant plus le résultat des arbitrages opérés que nous étions habitués à avoir en permanence plusieurs de longueurs de retards (qui de traduisent souvent en décennies de retards réglementaires). L’arrêté du 4 mai 2017 en était un triste exemple : la cogestion et les arbitrages finaux ont conduit à totalement occulter les mesures de protection de la biodiversité en bordures de parcelles et les mesures d’atténuation du ruissellement en parcelles à risques. Malheureusement l’arrêté de 2020 aura les mêmes lacunes en dépits des mesures réglementaires rendues nécessaires à partir de 2011 par les avis d’autorisation de mise sur le marché et donc les décisions d’homologation. En France la sur-transposition législative a bon dos : au niveau des pesticides ce n’est pas le cas. Et quand bien même, les enjeux de santé publique et environnementaux (biodiversité,…) sont suffisamment importants voire prégnants pour agir et appliquer toute la réglementation européenne en vigueur.

Les mesures nationales de 5 et 10 m de ZNT autour des lieux d’habitation sont à même de réduire fortement les niveaux de dérive pouvant toucher, même en conditions météorologiques normales, les parcelles contiguës. On peut rétorquer que dans l’absolu cela ne résout pas tous les soucis, mais quel immense progrès en termes d’enjeux de santé que d’éloigner les applications de phytosanitaires de l’ensemble des habitations, jardins et bacs à sables de nos petits. Les difficultés de mise en œuvre sont évidentes pour le monde agricole et notamment en secteurs à habitat dispersé, en viticulture et bien sûr en arboriculture. Mais le manque d’anticipation des organisations professionnelles est évidement. Pourtant elles exercent un lobbying puissant à Bruxelles et elles sont forcément au courant très en amont des évolutions réglementaires. Sans aucun doute les réflexes hérités de la cogestion et quelques victoires à la Pyrrhus ont émoussés la vigilance de nombre de responsables professionnels et des ingénieurs en charge des itinéraires techniques et des évolutions de pratiques. Il devient évident que la question d’une gestion différenciée des bords de champs devient incontournable, des solutions multiples existent que la profession agricole aurait dû explorer depuis quelques années. Il devient urgent d’œuvrer dans ce sens d’autant que le simple bon sens sera une entrée capitale pour les travaux d’adaptation à la nouvelle donne.

Le communiqué de presse du 20 décembre des ministères annonce pour le printemps 2020 un appel à projets dotés de 25 M€. On peut émettre le vœu que l’objectivité et le réalisme des projets soient des critères importants dans les choix qui seront opérés. Car les filtres institutionnels sont d’une rigueur drastique peu propice aux innovations pragmatiques que pratiquent déjà bon nombre d’agriculteurs en transition agroécologique. Si l’on accumule les contraintes fixées notamment par l’AFB, l’ANR, Les Agences de L’eau,…, il devient vraisemblablement quasiment impossible d’aller vers des projets techniquement, scientifiquement et intellectuellement innovants ! L’autocensure intra-organisme est aussi un obstacle majeur : l’Irstea a refusé en 2016, malgré la sollicitation du Ministère de l’Agriculture, de prendre sa part dans la prévention du ruissellement au plan national ! Aujourd’hui sur ce sujet et malgré de nombreuses études très mal valorisées car non adoptées par la profession agricole ou plus simplement malheureusement souvent partielles, nous avons une connaissance très imparfaite du ruissellement en France. Or la taille des parcelles augmente en permanence (le poids des engins également…), les coulées de boues sont un réel problème, le colmatage des ruisseaux également bien que plus sournois, et de longues séquences pluvieuses, vraisemblablement de plus en plus fréquentes contraindront à martyriser les structures de sols lors des récoltes. La prise en compte des processus de ruissellement est insuffisamment prise en compte dans nos actions, hélas bien trop réduites, d’aménagements fonciers et d’hydraulique douce. A ce jour même si l’agriculture de conservation des sols progresse, il est fort probable que la balance française des problèmes de ruissellement penche toujours et encore dans le mauvais sens. Alors que tout devrait inciter à inverser la tendance, et en premier lieu l’adaptation de nos territoires agricoles au changement climatique. Nous devons tout faire pour augmenter la résilience des versants agricoles et ne pas seulement financer des projets d’agro-technologie auréolés d’intelligence artificielle.

Tag(s) : #Règlementation phytosanitaire
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