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Arbres et tempête Ciaran, arbres et réseaux aériens : déploiement de la fibre en aérien !!

 

Il est à craindre que l’image de l’arbre, champêtre notamment, soit durablement ternie par les conséquences de la tempête Ciaran. Tout à l’Ouest de l’Europe l’arbre et le bocage sont pourtant des éléments primordiaux de l'adaptation au changement climatique. Nous devons donc renforcer la résilience de nos territoires afin de produire de l’oxygène et de l'énergie renouvelable, de stocker du carbone et d’être en capacité de les léguer en bon état aux générations futures.

Conséquences de la tempête Ciaran

Le blues d'après la tempête Ciaran provoque en moi un besoin de "coup de gueule" (le temps passé à tronçonner, et surtout à ranger le bois permet de méditer...)

D'une façon générale le bocage a très bien joué son rôle protecteur important, grâce à sa rugosité, des habitations et autres installations. Les haies bocagères ont souffert notamment les grands chênes mais les conifères d'origine américaine ont aussi subis de très lourds dégâts et ils sont souvent très proches des habitations (haies coupe-vent d'après remembrement). Le retour de l’électricité dans les foyers en bout de ligne a été très lent : après 10 jours de coupure dus à des chutes d’arbres et/ou de poteaux, des branchements provisoires ont dû être réalisés. Par ailleurs en Nord Bretagne il y a un stock important de bois à terre qui sera très mal valorisé...

Au bord des routes et des réseaux aériens la présence de bocage et d’arbres font l’objet de points de crispation, particulièrement lors d’une tempête majeure comme Ciaran. La cohabitation entre les réseaux (électricité basse tension, téléphone et fibre optique) devra se bâtir autour d’une doctrine élaborée entre propriétaires, agriculteurs, collectivités et opérateurs. Doctrine qui devra prendre en compte une gestion partagée et concertée d’un bien commun, indispensable face au changement climatique. Ce beau patrimoine que nous devons léguer à nos enfants et petits-enfants : car rappelons-le nos haies participent à la biodiversité (oiseaux, pollinisateurs, auxiliaires des cultures,…), au paysage, à la protection efficace des habitations vis à vis des tempêtes, à des effets bénéfiques sur les inondations, au stockage du carbone,....

Aujourd’hui la plupart des actions bocage s'adressent aux seuls agriculteurs, avec le but qu'ils développent un atelier rentable à part entière. Et la mesure PAC dite BCAE 8 (Bonnes Conditions Agricoles et Environnementales) ne concerne aussi que le monde agricole.

Il y a donc des angles morts dans les actions proposées. Car quid des secteurs en déprise agricole (c'est le cas autour de chez moi) avec un bocage vieillissant ? Une gestion collective du bocage paraitrait être une bonne solution à condition d'avoir des acteurs motivés disposant de suffisamment de moyens

Avec le changement climatique, les arbres champêtres et les haies bocagères méritent encore plus qu'avant le qualificatif de bien commun essentiel. Il est peut-être temps de reconsidérer la gestion des haies de bords de routes et des chemins, non pas comme des obstacles mais comme des atouts à aménager si besoin. Des success stories existent de gestion partagée entre collectivités, propriétaires et agriculteurs, je citerai le cas du territoire de Lannion Trégor Communauté

On pourrait imaginer qu’une régie publique s'empare du sujet, basé sur une gestion durable des haies, autour par exemple de fourniture de BRF-plaquettes aux particuliers (jardinage sans pesticides), aux services d’espaces verts, aux agriculteurs dont les sols manquent de matière organique ou pour des chaufferies collectives,. On peut même rêver de quelque chose qui ressemblerai à un crédit d'impôt pour les propriétaires et les agriculteurs. Ce serait la moindre des choses face à un réel engagement citoyen de ceux qui ont protégé les haies et qui les protègent encore. Cela me fait même un peu bizarre d’être au côté des agriculteurs pour la défense des MAEC (Mesures AgriEnvironnementales et Climatiques) et d'être plutôt mal considéré par les élus et techniciens des collectivités !...

Pour résumer je trouve que le « rat des champs » que je suis, est de plus en plus pressurisé par les besoins d’une société techno-solutionniste pas vraiment viable (méthanisation, éolien, agrivoltaïsme au sol, enjeux non partagés autour du bocage). En zones rurales les dégradations de l’environnement qui se développent sous couvert de déploiement d’énergies renouvelables doivent-elles compenser le manque de réalisme et d’ambition en termes de sobriété? En Bretagne, la Région cultive l’ambiguïté en développant la fibre en aérien tout en étant une région pilote avec Breizh Bocage et ses programmes novateurs de reconstitution du bocage (!).

 

Déploiement aérien de la fibre optique et gestion des haies, deux pratiques incompatibles ou coexistence pacifique?

 

     Je suis tombé la semaine passée sur un extrait d'article d'Ouest France faisant état d'un courrier de Marie-Claire et Philippe Derouault au ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, à propos de la difficile cohabitation entre fils aériens (fibre) et haies bocagères.

Ces agriculteurs en retraite de l'Orne ont obtenu en 2023 un deuxième prix au concours général agricole : agroforesterie, catégorie gestion. Grâce au concours, j'ai bien apprécié leur gestion des haies et des prés-vergers (hautes tiges), et j'ai rencontré Philippe à la remise des prix lors du Salon de l’Agriculture.

Pour moi le cri d'alarme de Philippe résonne fortement. Car je déplore autour de moi la mauvaise gestion des haies, y compris d’implantations récentes, situées sous le réseau de fibre : mauvais choix d'espèces, amputation voire sabotage des arbres, gaspillage de l’argent public.

Face aux problèmes liés au déploiement aérien de la fibre un collectif d'organisations agricoles des Pays de Loire « invite à considérer les haies comme des « biens communs essentiels ». Une fois la fibre posée, le collectif plaide pour une gestion partagée de l’entretien, avec les collectivités côté route et les riverains et agriculteurs pour le haut des haies et le côté champ".

Pour ma part un partage des frais entre propriétaires, gestionnaires de voiries et ENEDIS-Orange serait déjà une bonne base de discussion pour une approche équitable qui permettrait de faire intervenir des entreprises respectueuses des arbres.

Cependant le problème principal reste et restera quand même le déploiement de la fibre en aérien ! Les tempêtes vont nous montrer le coût de l’entretien de cet aménagement…ce sera la faute des arbres et pas du choix technique fait pour déployer la fibre. Les élus et les parlementaires seraient avisés de se pencher sur le problème : le déploiement de la fibre optique en zones ventées commence à susciter de réelles interrogations, voire des oppositions compte-tenu notamment du manque de concertation de la part des opérateurs. Mégalis en Bretagne (pays de Breizh Bocage), Anjou Fibre, Orne numérique,etc..., ont fait le choix d'un déploiement aérien de la fibre : il faudra bien trouver un terrain d'entente pour éviter l'abattage ou le saccage de haies dont certaines ont été financées par de l'argent public.

 

Avec les prairies et les zones humides, les arbres et les haies sont de véritables couteaux suisses de l'agroécologie et de l'adaptation au changement climatique, grâce aux effets bénéfiques: biodiversité, ralentissement des vents, protection des cultures et du bétail, affouragement d'appoint, atténuation des pollutions diffuses : nitrates, pesticides, phosphates et autres substances émergentes, stockage du carbone, ralentissement des écoulements hydriques avec effets d'atténuation des inondations et meilleures infiltrations vers les sous-sols et les nappes, et bien sûr forte limitation de l'érosion des sols portant de moins en moins de prairies,....

Appelons de nos vœux un service public du Bocage et de la haie ou tout du moins une structure collective dynamique ayant une compétence et une vision d'ensemble, capable de rassembler les acteurs, de changer de braquet, de développer les aménités bocagères, d'être garant d'une réelle gestion durable du bocage tout en rationalisant les coûts.

Collectivement nous devons prendre soin de nos arbres y compris en zone de déprise agricole: des plans communaux ou communautaire de gestion durable du bocage permettraient de profiter des bienfaits du bocage tout en limitant les désagréments liées aux tempêtes et autres excès climatiques.

Sabotage de haie sous le réseau, Guemper-Guézennec le 15 déc 2022

Sabotage de haie sous le réseau, Guemper-Guézennec le 15 déc 2022

Ciaran : dégâts sur réseau aérien en zone boisée; St Clet 11 nov 2023

Ciaran : dégâts sur réseau aérien en zone boisée; St Clet 11 nov 2023

Ciaran : chênes endommagés; St Clet le 11 nov 2023

Ciaran : chênes endommagés; St Clet le 11 nov 2023

Ciaran : chêne étêté ; Plourivo le 12 nov 2023

Ciaran : chêne étêté ; Plourivo le 12 nov 2023

Tag(s) : #Territoires résilients, #Chroniques de territoires
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