Algues vertes de l’anse du Lédano sur le Trieux : les solutions sont là !

Algues vertes de l’anse du Lédano sur le Trieux : les solutions sont là !

          L’anse du Lédano se situe à quelques km de la mer, à l’extrémité de l’estuaire du Trieux et donc proche de l'archipel de Bréhat. Les marées remontent la ria du Trieux et en partie son principal affluent le Leff deux fois par jours. Comme dans de nombreuses vasières de Bretagne (Ria d’Etel, Rance,…) les préoccupations liées à la présence d’algues vertes (ulves-laitues de mer et algues filamenteuses) progressent à mesure que les surfaces concernées semblent augmenter (il n’y a pas pour le moment de suivi scientifique sur ces vasières).

         Les riverains de l’anse du Lédano s’inquiètent face aux proliférations des algues vertes sur cette importante vasière des Côtes d’Armor où la biodiversité est menacée et où la baignade devient aléatoire en fonction des échouages.

Et si les solutions à cette atteinte environnementale étaient déjà largement connues ?

Les études scientifiques montrent que, face aux proliférations d’algues vertes, il faut réduire par tous les moyens les teneurs en nutriments des eaux et plus particulièrement la partie azotée et donc les nitrates. Les solutions efficaces qui s’offrent à nous sont connues et validées. Elles se regroupent en deux notions : l’agronomie et le réaménagement paysager. Les actions sont à conjuguer à deux échelles :

• Au niveau des bassins versants du Trieux et du Leff, la réduction de la pression azotée reste une priorité : limitation de la fertilisation, optimisation des apports aux cultures, amélioration des cultures piège à nitrates. Tout doit aussi être fait pour ralentir les transferts d’eau au sein de paysages revégétalisés (bocage, prairies naturelles, nouvelles zones humides, ripisylves, zones enherbées,…). Certes la contamination de l’eau douce par les nitrates a bien diminué depuis les forts excès des années 80-90, mais le territoire breton reste globalement imbibé de nitrates et nous sommes encore tributaires des pluies de fin de printemps voire de juillet qui entrainent les nitrates des champs (jeunes maïs, légumes de plein champs), vers les estuaires puis la mer.

• Autour du Lédano, les contributeurs directs que sont les ruisseaux côtiers et les fossés se déversent directement dans l’anse après avoir traversé les zones légumières des côteaux ouest et sud (avec des serres situées en amont). Les suivis du contrat de bassin versant du Grand Trieux réalisés sur les côtiers du Goëlo-Trégor confirment le haut niveau de contamination de ce type de petits cours d’eau. Sur ces petits bassins versants il faut déployer des dispositifs d’atténuation fondés sur la nature avec un objectif de ralentissement des transferts hydriques par ruissellements. Ils permettent en effet d’augmenter l’infiltration de l’eau dans les sols, de réduire les flux de nitrates arrivant à la mer et également de limiter l’érosion : le secteur légumier de Plounez est d’ailleurs très sensible aux coulées de boues (Landouézec,…). Il faut mobiliser les techniques culturales limitant l’érosion des sols, installer des couverts hivernaux ou semer plus de céréales d’hiver. Il faut poursuivre activement la réinstallation du bocage notamment en travers de la pente (talus, et haies arbustives ou arborées), installer des bandes enherbées et fleuries non tassées en bas de parcelles. Des petites zones humides doivent aussi être réinstallées, notamment en rive gauche vers le ruisseau de Camarel à Pleudaniel, en rive droite dans la vallée du Traou Du (ruisseau qui sépare Paimpol et Plourivo) et en aval des passages d’eau situées sous la voie ferrée (là où les parcelles sont souvent en déprise agricole).

Une part importante de zones boisées est présente sur la partie sud (bois de Lancerf) mais il serait nécessaire de réaliser un diagnostic hydrologique de la partie agricole du bassin versant du Lédano, sans oublier les serres situées en amont. Car ce serait très profitable de bien choisir les actions pertinentes et de les positionner au bon endroit. Il faut bien évidemment avoir parallèlement de bons assainissements individuels.

Il faut surtout une volonté collective d’aller vers une réelle amélioration de nos territoires. D’autant que les techniques à mettre en œuvre permettent une meilleure adaptation aux effets du changement climatique : pourquoi attendre ?