L’arbre allié de l’homme.
Notre bocage de demain : un outil multifonctionnel face au changement climatique
Les relations entre les sociétés humaines et les arbres sont ambivalents et soumis encore aujourd’hui à des injonctions contradictoires : l’arbre est le plus souvent un bien privé alors qu’il se révèle être un bien commun de grande valeur. La tempête Ciaran est un exemple type de rôles opposés : dégâts directs aux bâtiments par les arbres abattus ou cassés mais protection de haut niveau du bâti grâce à l’effet positif apporté les arbres et leurs rugosités sur l’intensité des vents. Ces relations homme-arbre fluctuent au fil de l’histoire : défrichements notamment au moyen-âge (monastères), en fait des gallo-romains jusqu’à l’exode rural, embocagement (XVIIIème jusque début XXème), reforestation en montagne pour cause d’érosion (fin XIXème-début XXème), remembrements massifs d’après-guerre (1950-1980), agrandissements parcellaire (modernisation !), promotion de l’agroécologie et verdissement de la PAC, et maintenant adaptation des paysages aux aléas climatiques et recherche de résilience accrue.
Les peuplements forestiers ou le bocage nous apportent de très nombreux avantages, mais cela nécessite d’avoir des modalités de protection et de gestion durable (protection règlementaire, plans de gestion,…)
En Bretagne, région faiblement boisée, on parle de forêt linéaire composée des haies. En France les surfaces forestières ont progressé mais l’érosion des linéaires de haies a fortement perduré jusqu’en 2000. Depuis le plan de relance et maintenant le pacte en faveur de la haie donnent une forte impulsion en faveur de la plantation des haies, la régénération naturelle est depuis peu mise en avant. Rien n’est simple, la Bretagne avec ses premières actions Breizh-Bocage (2007-2014 et 2015-2022) a réussi à rétablir un équilibre entre disparitions et création de haies bocagères. Mais les échecs de plantation restent importants et les réticences perdurent toujours.
Le bocage est un paysage rural façonné par l’homme qui a constamment évolué au gré des besoins. Actuellement les enjeux sont de mieux valoriser le bois bocager au sein des exploitations agricoles. Mais les élus doivent aussi intégrer le maintien et le développement l’arbre dans leurs priorités : les politiques de bassin-versants et de protection de l’eau en tiennent compte. Mais seront nous assez ambitieux et rapides face aux enjeux climatiques?
Le bocage est un outil multifonctionnel de type « couteau suisse ». Il doit nous permettre de limiter le déclin de la biodiversité, d’agir localement sur le climat en cultivant l’eau verte, de favoriser l’infiltration dans les sols et de ralentir l’eau au sein de paysages résilients. Et bien évidemment l’arbre en ville apporte le même type d’aménités.
« Au pied de mon arbre, je vivais heureux » Georges Brassens (1956)
Bocage dégradé: que reste-t-il comme place pour la biodiversité ? Quemper-Guézennec-22 (25 janvier 2025)