Sécheresse au pays des hortensias,
Depuis un mois de janvier 2025 excédentaire en cumul de pluies, les mois déficitaires en pluies se suivent. La sécheresse s’est installée en Nord-Bretagne, Côtes de granit rose et secteur de Paimpol-Bréhat, depuis de longues semaines au pays des hortensias, des agapanthes, des artichauts et des choux fleurs.
Le niveau des ressources en eau potable reste bon mais fragile : les Côtes d’Armor sont en vigilance sécheresse depuis le 4 juillet 2025. Niveau fragile, car l’essentiel de notre eau potabilisable vient du Centre Bretagne et les débits des rivières du Goëlo et du Trégor sont très bas (juste au-dessus des seuils). Heureusement le temps maussade de fin juillet réduit les consommations, réduit la température des eaux de surface, limite l’évaporation des barrages réservoirs (le Gouët vers Saint Brieuc ,…) et l’évapotranspiration des végétaux. Toutefois les cultures souffrent et la conjonction sec/ maladies est actuellement très visible sur la végétation naturelle. C’est bien sûr le cas pour les petits ormes qui jaunissent, comme tous les étés, depuis l’arrivée de la graphiose de l’orme dans les années 80. C’est nouveau et plus grave pour les frênes, arbres très présents en bordure de cours d’eau et dans nos vallées. Depuis plusieurs années (2023 ?) la Chalarose du frêne, maladie due à un champignon, est apparue localement sur quelques individus (corne de la gare à Paimpol,…). Mais cette année, la maladie a fortement progressé, avec des symptômes très visibles, en fond de vallée, car sans doute aggravés par la sécheresse.
En Bretagne, au fil des sécheresses successives, il devient urgent de renforcer les ressources en eaux et de conforter les soutiens d’étiages de nos cours d’eau : nous devons promouvoir fortement l’infiltration de l’eau en zones urbanisées et développer la culture de l'eau verte dans les champs. Les solutions fondées sur la nature permettent d’augmenter le stockage de l’eau dans des sols agricoles « bichonnés » et dans des paysages réaménagés, tout en veillant au bon état des ripisylves. Ce sont les actions qui sont les plus cohérentes en faveur de l’eau verte, et aussi les plus rustiques et les moins coûteuses.
Mais le temps nous est compté : peut-on raisonnablement envisager de se nourrir, de boire et simplement de vivre avec + 3.5°C voire + 4°C en température moyenne annuelle ? Que faisons-nous réellement pour préparer nos territoires au changement ? La semaine passée j’ai intitulé un article: Agriculture et Climat : demain comment ferons-nous ? (https://www.guylehenaffagreaunome.fr/2025/07/agriculture-et-climat-demain-comment-ferons-nous.html)
La Bretagne pourrait se croire encore relativement à l’abri, par rapport au grand Sud-Est et au Centre-Est de la France, mais l’attentisme de certains élus et des pouvoirs publics n’est plus soutenable. Dans la lutte contre les algues vertes, il nous a fallu près 50 ans pour avoir très localement des actions cohérentes (Baie de la Fresnaye). Mais à quel coût ? Et encore tout le nécessaire n’est pas fait : il nous faudrait mettre en place de nouvelles zones humides et préserver absolument toutes les prairies. Et en pesticides nous en sommes à 33 ans d’actions de reconquête de la qualité de l’eau... Ces temps longs sont intenables face au changement climatique. Il convient donc d’enclencher rapidement et à grande échelle, au niveau des citoyens et surtout à tous les niveaux décisionnels, des politiques ambitieuses de reconquête de la résilience hydrique de nos territoires.
Frêne "sub-claquant" malade de la Chalarose au bord du Leff, moulin Guézennec à Plourivo- 22 (02 août 2025)
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