Osons des bords de champs de transition et de protection de la biodiversité: implantation généralisées de zones tampon biodiversité (ZNT B). Dare the edges of transition fields and protection of biodiversity : BBZ (biodiversity buffer zone).
Instaurons en bordure de champs une zone non traitée de transition et de protection de la biodiversité
d’une largeur de base de 5 mètres (ZNT B ou ZNT Biodiversité).
- Une mesure simple et facilement contrôlable
- Un intérêt majeur pour la biodiversité
- Un effet sur la productivité modéré, à compenser par une mesure à inscrire dans le verdissement de la PAC.
- Une nécessaire prise en compte de la diversité des paysages agricoles et du maillage parcellaire.
- Une mesure simple à ne pas complexifier
Depuis 2011, la législation entourant la mise en œuvre des produits agropharmaceutiques, se complexifie en lien avec la nécessaire prise en compte de la protection des pollinisateurs, de la biodiversité avec les mesures de gestion, promulguées à partir de 2011, protégeant les arthropodes non cibles des zones non cultivées et la flore non cibles qui bordent les parcelles cultivées. A cela s’ajoute une plus grande prévention des risques de ruissellement, avec la préconisation de mise en œuvre de dispositifs végétalisés permanents (5 m et 20 m). Plus récemment des arrêtés préfectoraux ont été pris pour la protection des lieux recevant ou hébergeant des personnes vulnérables. Et aujourd’hui c’est la protection des riverains qui est le principal sujet d’actualité
Les avis d’autorisation de mise sur le marché AMM) sont pris au fil de l’eau, lors du dépôt initial du dossier de demande d’autorisation ou lors d’un réexamen. Les esprits chagrins dénoncent la complexité des mesures de gestion qui en découle. Mais il s’agit le plus souvent de s’opposer à la mise en place des zones non traitées pourtant indispensables pour protéger la biodiversité hébergées par les zones non cultivées adjacentes (ZNCA) que ce soit au niveau faune ou flore.
En fait, plutôt que de regarder strictement l’application pour telle ou telle spécialité des mesures de gestioà, pourquoi ne pas opter pour une zone de transition généralisée ne recevant aucune application phytosanitaire de produits de synthèse et de certaines spécialités autorisées en AB (cuivre, spinosad,…).
Inscrivons-nous dans une démarche objective, pragmatique et vertueuse en proposant la mise en place pour tous les bords de champs d’une zone non traitée de transition et de protection de la biodiversité d’une largeur de base de 5 mètres (ZNT Biodiv ou BBZ).
Cela mérite des explications supplémentaires et conduit assez naturellement à étudier une utilisation innovante du verdissement de la PAC.
Une mesure simple et facilement contrôlable
L’intérêt d’une mesure simple, déployable partout, est clair en termes d’information et de campagne de communication (voir modalités plus précises ci-dessous).
Nous avons donc une applicabilité au terrain facile et également une contrôlabilité aisée.
Un intérêt majeur pour la biodiversité
L’érosion de la biodiversité est maintenant bien établie et elle s’accélère : la résilience de nos paysages a longtemps masqué les effets des différentes agressions liées aux activités humaines. Il faut aujourd’hui, manifestement renverser la vapeur et, avoir un objectif permanent de protection.
Les échanges d’insectes ou de graines entre parcelles et bords de champs sont très nombreux et complexes. Ils peuvent être bénéfiques (carabes, pollinisateurs,…) ou parfois dommageables (adventices, limaces, cicadelles,…. Mais une gestion différenciée doit permettre de limiter les désagréments et d’engranger les bienfaits : sur-semis, utilisation de plantes compagnes, interventions de désherbage mécanique,...
Ces techniques sont déjà expérimentées et utilisées : Agrifaune (Sem « O » bord), parcelles en couverts permanents vivants, implantation de bandes enherbées (pour bénéficier de la dispersion des carabes) et aussi de bandes d’agroforesterie dans les parcelles agricoles,…
Un effet sur la productivité modéré, à compenser par une mesure à inscrire dans le verdissement de la PAC.
Les bords de champs sont déjà des zones de transitions. Ils protègent la parcelle des excès climatiques (vent, canicules,…), interceptent les bioagresseurs qui dans un premier temps restent souvent cantonnés dans la bordure (limaces, adventices, pucerons,…). Ce sont déjà des zones moins productives. Lors des applications phytosanitaires elles sont aussi moins bien protégées, du fait notamment du non recouvrement du jet de la dernière buse de la rampe.
Les surfaces des bordures de parcelles, conduites en gestion différenciée et utiles pour la biodiversité pourraient faire l’objet d’un doublement ou triplement des « primes PAC », facilitant ainsi l’acceptabilité de la mesure
Tenir compte de la diversité des paysages agricoles et du maillage parcellaire.
Les différents territoires français et notamment les petites régions agricoles, sont différents en terme de paysages et de systèmes agro-pédo-climatiques. Il convient donc d’introduire des nuances entre par exemple un bocage, possédant un bon maillage de haies et talus, et un paysage d’openfield « modernisé » avec de très grandes parcelles et quelques arbres isolés. Dans le premier cas le maillage bocager offre un bon potentiel de biodiversité qu’il faut préserver et consolider autour des haies et des talus. Par ailleurs le risque existe de voir disparaitre des éléments intéressants du paysage, bandes herbeuses ou haies, au prétexte de ne pas avoir à appliquer des ZNT de bords de champs. L’agroécologie est maintenant une ambition nationale, mais elle nécessite la prise en compte de la capacité de résilience des paysages ruraux.
Autour des haies et des talus, la largeur de la ZNTB, pourrait être réduite à 3 m. C’est une façon de réduire l’emprise foncière en secteur de petites parcelles (moins de 5 ha ?) et aussi de récompenser en quelque sorte le fait d’avoir gardé la haie.
Pour les petits parcellaires, on peut imaginer que la mesure ne s’appliquerait pas pour une surface de moins de 1 ha en grandes cultures.
En vignoble, où les parcelles sont parfois constituées de seulement quelques rangs, une gestion par ilots est souhaitable.
Une mesure simple à ne pas complexifier
Compte tenu de l’intérêt en agroécologie d’avoir des zones semi-naturelles, les dispositifs anti-dérives, dont l’emploi réel est difficilement contrôlable, ne permettraient pas de réduire la largeur de la ZNTB
Les bandes enherbées étant déjà des zones de protection ne sont pas à protéger
Ces réflexions autour des bords de champs sont le fruit de mes différentes expériences professionnelles : protection raisonnée et intégrée (conseils, expérimentations), transferts hydriques des pesticides, vulnérabilité et protection des captages, diagnostics de nombreux territoires (cf méthode ARPEGES).