Une vision globale autour des nécessaires mesures encadrant l’emploi des pesticides conduit à ne plus traiter les premiers mètres en bordure de la totalité des champs recevant des produits phytosanitaires.
L’emploi des pesticides occupe depuis plusieurs mois le devant de la scène. Nombreuses sont les conversions vers l’agriculture biologique, mais si l’on a un système ayant recours aux produits phytosanitaires il paraît indispensable de prendre toutes les précautions nécessaires. L’ensemble des risques pendant et après les applications doivent maîtrisés et acceptables et donc en pleine conformité avec les mesures de gestion réglementaires exigées lors des autorisations de mise sur le marché (AMM). Ce n’est pas le cas actuellement, et d’ailleurs la protection des milieux aquatique a régressée depuis 2017 et globalement le monde agricole conventionnel considère toujours de façon très insuffisante les pollutions chroniques par les pesticides et de ce fait nous avons perdu beaucoup de temps vis-à-vis d’un nécessaire réaménagement des territoires agricoles.
La protection des riverains occupent en cette fin d’été 2019, à juste titre une large place médiatique. Mais les enjeux du futur arrêté concernant l’utilisation de produits dépassent ce seul aspect : il faudra être intégralement en phase avec toute la réglementation et donc aussi avec le code rural. A noter que les premier avis de l’ANSES faisant référence à la protection des résidents et des personnes présentes sont parus cet été. Mais une application intégrale de la réglementation concernera bien évidemment la nécessité d’intégrer l’ensemble des mesures de protection de la biodiversité, pourtant délaissées en 2017.
Et pourquoi ne pas avoir une entrée plus large que la stricte réglementation autour des applications de phytosanitaires et sortir des strictes approches par silo, le plus souvent en lien avec une pression syndicale, sociétale et médiatique à un moment donné. En plus du fourmillement d’idées de cet été, il faut poursuivre sur les autres sujets indépendamment du calendrier concernant la protection des riverains : atténuation du ruissellement, Zones Non Traitées de protection des flores et arthropodes non cibles?....Pour la protection de la biodiversité et donc les bords de champs (Zone Non Cultivée Adjacente), qui concernent un grand nombre de produits (sans doute plus de 50%), il manque depuis 2011 une définition simple de ces ZNCA, sans doute parce que l'angle réglementaire est trop étroit. Dans le mesure ou l’utilisation des pesticides perdurent à grande échelle : Comment peut-on faire pour éloigner les phytos des zones "semi-naturelles" de biodiversité que sont les bordures de parcelles conventionnelles (et parfois Bio)?
Une gestion autre (Bio, prairies,…) ou tout du moins une gestion différenciée des parcelles ou seulement des bords de champs sur une largeur pivot de 5 m non traitée, parait-être la seule solution. A condition d'avoir un angle d'entrée appétant : l'innovation, l'écologie positive. Certes le recours une gestion différenciée paraît basique et remplie de bon sens, voir le fichier joint sur la gestion différenciée. Les choses changent vite : les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à être motivés par la biodiversité, le réchauffement climatique, la préservation des sols,... et pratiquent déjà des gestions alternatives.
Nombreux sont les signaux qui militent en faveur de dispositifs et d’aménagements, parcellaires ou extra-parcellaires, permettant de consolider la transition agroécologique des versants agricoles. Sur le plan protection des cultures, rappelons que le recours aux produits phytosanitaires va grandement se complexifier avec les retraits et les réexamens à venir, avec les mesures de gestion et de protection à respecter pleinement concernant les zones non cultivées adjacentes, l'atténuation du ruissellement, la protection des riverains et des personnes présentes. A ces enjeux de protection des cultures durables s'ajoutent de nombreuses études qui évoquent la baisse inquiétante de la biodiversité, la nécessite d'anticiper le réchauffement climatique et bien sûr la nécessaire préservation de la fertilité des sols. Il est donc logique que l'agriculture de demain, qui sera surement plus biologique qu’aujourd’hui, utilise encore plus les services écosystémiques des différents éléments du paysage et crée des espaces de transition en bordure de parcelle. Nous devons lancer et généraliser une dynamique permettant d'aller vers des territoires plus résilients. La production agricole de demain aura besoin de plus d'espaces humides, herbacés, arbustifs et arborés, dans des paysages agraires réorganisés.
Voici, en fichier joint, une communication soumise en vue d’intervenir à la 24e Conférence du COLUMA, Journées internationales sur la lutte contre les mauvaises herbes, organisée par l’association Végéphyl à Orléans les 3,4 et 5 décembre 2019.
communication soumise à la 24e Conférence du COLUMA, Journées internationales sur la lutte contre les mauvaises herbes
Gestion différenciée des bords de champs, document de 2017
Talus "propre" ou scalpé après la moisson. Espace de biodiversité amputé? Lanleff (22), Nord Bretagne, le 28 août 2019