Stockage temporaire involontaire par un remblai de route, Pont Canon à Plourivo, suite à Alex le 3 nov à 18h47
Agir énergiquement après la tempête Alex ? (inondations de Paimpol, suite)
Il faut rester humble face à des séquences climatiques inhabituelles, mais il faut aussi en tirer les enseignements nécessaires et surtout passer outre les freins aux changements récurrents. Car si en Nord Bretagne, les effets du changement climatique sont moins dramatiques que dans d’autres régions (Franche-Comté, Charolais,…), les pluies intenses se multiplient sur des terres agricoles limoneuses (où l’on voit de moins en moins de prairies) et sur des surfaces urbanisées et imperméabilisées toujours plus nombreuses. Il faut réfléchir aux actions complémentaires à mettre en œuvre sur l’ensemble du bassin versant des ruisseaux paimpolais
Les pluies liées à la tempête Alex des 1,2 et 3 octobre 2020, rentrent dans la catégorie des évènements historiquement rares. Une pluie de durée exceptionnelle a en effet touché Paimpol et sa région. En 48h il est tombé 174.4 mm!! (source: infoclimat.fr) provoquant des dégâts et des inondations le samedi soir au moment de la marée haute (plein à 21:02 h et coefficient de 87, heureusement pas trop important). Avec plus de 100 mm supplémentaires en octobre, les récoltes sont devenus délicates voire très difficiles. Ce type d’évènement pluvieux démontre s’il en était besoin la vulnérabilité du Nord Goëlo et de Paimpol en particulier. La ville s’est développée en fond de baie, avec beaucoup de terrains gagnés sur la mer et sur des zones humides, puis aménagés voire construits. Elle est historiquement très sensible à la concomitance entre crues des ruisseaux côtiers et marées hautes (j’ai habité près de 20 ans la rue des Islandais). Avec le changement climatique le risque est réel de voir se multiplier des pluies intenses or depuis 70 ans nous avons grandement favorisé l’accélération des écoulements hydriques : remembrements trop énergiques sur le bocage et l’hydraulique, atteintes aux zones humides (détournement de ruisseau, comblement, poldérisation, urbanisation), développement important des voiries et gestion insuffisante des eaux pluviales en zones urbanisées, etc....
Face aux enjeux il faut, pour atténuer les volumes d’écoulements vers l’aval, ralentir l’eau par tous les moyens possibles. Diverses actions sont mobilisables mais elles doivent être suffisamment ambitieuses.
Sur le plan préventif, agissons en amont sur les bassins versants des ruisseaux côtiers. Les techniques d’atténuation des ruissellements agricoles sont bien connues et simples à mettre en œuvre et la déprise agricole offre des perspectives hydrauliquement intéressantes. L’hydraulique douce permet l'atténuation des pollutions diffuses et les techniques misent en œuvre sont très utiles pour ralentir les eaux brutes. Avec des aménagements de bords de champs (zones tampons), des arbres, des haies, des prairies, des modifications du travail du sol, de certaines cultures et de certaines pratiques culturales, nous avons une panoplie efficiente permettant en plus de regagner de la résilience agro-écologique dans les territoires. A condition d'agir rapidement et avec beaucoup de volontarisme...Pour les habitations, le stockage des eaux pluviales est un plus et il conviendrait de proscrire toute imperméabilisation nouvelle. Pour les fossés des voiries il faut en avoir une bonne connaissance et une vision d’ensemble, entretenir les fossés et les passages sous les routes et multiplier les petits ouvrages de rétention (fossés à redents, petits bassins d’orage, noues, petits casiers d’inondation,...).
Agissons sur la propagation des inondations, en restaurant les zones humides et en agissant sur les chemins de l’eau pour ralentir les écoulements. Profitons des vallons des bourgs et des vallées encaissées de nos ruisseaux côtiers pour favoriser une rétention temporaire. Améliorons la gestion dynamique du bassin de Mahalez, afin d’écrêter la crue des ruisseaux, et en complément, retenons temporairement les ruissellements de Plourivo le long de la RD 15 au niveau de l’ancien étang de Pont Min (d’autant que cela favorisera la sédimentation des limons et réduira fortement le comblement du « bac à sable » situé sous les quais paimpolais). Signalons enfin que sur le plan qualité des eaux littorales, et donc des zones ostréicoles, toutes ces actions seraient à coup sûr très bénéfiques.
La tempête Alex : une alerte climatique suffisamment sérieuse qui doit pousser tous les acteurs à agir avec ténacité.