Bassin versant de Paimpol : le Quinic amont, un concentré de dysfonctionnements hydrauliques.

Bassin versant de Paimpol : le Quinic amont, un concentré de dysfonctionnements hydrauliques.

Comme dans de nombreux petits bassins versants ayant subi l’action de l’homme, l’amont du ruisseau du Quinic, présente un concentré de dysfonctionnements hydrauliques. C’est le cas au niveau du fond de vallée à la limite entre les communes d’Yvias et de Kerfot. Entre la ferme de l’Argoat (Yvias) et le hameau de Kertanguy (Kerfot) la petite route communale emprunte deux petits talwegs et enjambe le Quinic.

D’un point de vue pédagogique, c’est un endroit intéressant car nous avons à quelques dizaines de mètres d’écart deux dysfonctionnements : l’un d’origine agricole et le second lié à la voirie :

- Le problème lié aux ruissellements agricoles importants est d’abord en lien avec la position basse de l’entrée (voir photographie ci-dessous) située en situation basse de la parcelle agricole. Ce champ limoneux, qui compte tenu de la pente et du contexte pédo-climatique, est trop grand (environ 2.5 ha) et surtout présente un versant trop long (185 m). La première action à entreprendre serait de dérouter les écoulements terreux sortants vers l’ancienne prairie humide située en contrebas et dont l’entrée est très proche et en contrebas de l’accès du champ. L’autre action plus sûre serait de déplacer l’entrée parcellaire un peu plus haut en réalisant à la place un talus de ceinture et de rétention. Nous aurions ainsi une rétention intra-parcellaire de l’eau de ruissellement et donc des sédiments (maintien de la fertilité) et une rétention-autoépuration des contaminants (atténuation des pollutions diffuses).

- L’hydraulique associée à la voirie présente visiblement plusieurs défauts de conception (voir photographie ci-dessous): le diamètre de la buse située sous la route est insuffisant d’autant que l’eau arrive à la sortie dans un puisard, avec deux grilles destinées à recevoir en plus les ruissellements de la chaussée. La sortie de ce puisard passe dans un second busage qui a été installé parallèlement au bord de la route et dont le diamètre est inférieur à celui de la précédente buse déjà insuffisante! Ce deuxième busage est sans doute à enlever et à remplacer par un mur de soubassement pour soutenir de la chaussée. Une autre amélioration est possible dans une optique de retenir les sédiments en amont du bassin versant plutôt que de combler le bassin de prévention des crues de Mahalez et de devoir dévaser le port de Paimpol. Il s’agit de prévoir une surverse permettant aux petites crues de passer par la zone basse boisée située en rive droite du Quinic : c’est la zone située derrière le rubalise de chantier visible sur la photographie.

Nous sommes ici dans ce qui peut paraître comme étant de la dentelle trop fine. En fait, il s’agit bien de petit pas qui sont le BA-BA du concept d’hydraulique douce. C’est moins spectaculaire que des gros ouvrages d’hydraulique dure (barrages, retenues, vannes,…) mais bien moins onéreux et plus rustiques. Il s’agit bien d’actions peu impactantes et même bénéfiques sur le plan environnemental puisque l’on préserve la fertilité des champs et que l’on favorise de nouvelles zones humides.

Reste évidemment à changer de paradigmes de pensées et à promouvoir des actions collectives d’hydraulique douce et de mesures naturelles de rétention d’eau (MNRE). Ce pourrait être une action « colibri » territoriale concernant certes un tout petit coin de Bretagne mais nous serions enfin, en termes préventifs, autour une action adaptative au changement climatique.