Dossier "Inondations : il est temps d'agir" La Presse D'Armor, 3 février 2021.

Dossier "Inondations : il est temps d'agir" La Presse D'Armor, 3 février 2021.

                 Dès la rentrée 2020 et l'annonce à Paimpol du colmatage de la "chambre à sable" il m'a semblé important de réagir, compte tenu de mes connaissances sur les ruissellements agricoles  et les écoulements de surface en petits bassins versants. Cette chambre à sable, positionnée juste avant l’arrivée du ruisseau du Quinic dans le bassin N°2 du port de Paimpol (port à flot dans la ville) est en fait située sous la chaussée du quai Morand. Destinée à réduire l’envasement du port, cette chambre de décantation remplie parfaitement son rôle de piège à sédiments. Mais c’est un espace clos et souterrain qui présentent d’énormes contraintes pour son entretien et son curage. Face à l’urgence, la nouvelle municipalité a décidé de réaliser rapidement les travaux, réalisés par des spécialistes, pour un montant total de 500 000 €.

                Une telle dépense fait réfléchir, d’autant que les petits bassins versant situés en amont de Paimpol (le Quinic et le Canon) présentent de nombreux dysfonctionnements hydrauliques qui favorisent l’érosion des limons dans les champs et puis dans les fossés, et qui sont donc sources de transports importants de limons vers l’aval et provoquent l’envasement rapide et garanti du port situé à l’exutoire.

Et si l’on décidait de mettre en place une réelle prévention, et de répartir les dépenses publiques entre actions préventives et actions curatives ?

                Début octobre, la tempête Alex (et ses 190 mm de pluies en deux jours et demi à Paimpol, source infoclimat) est venue rappeler la fragilité du Nord-Goëlo vis-à-vis des inondations lors d’afflux importants d’eau en provenance des terres aux heures de marées hautes : ce qui était les cas les 2 et 3 octobre 2020, mais heureusement avec des coefficients de marées modérés : autour de 80.

Après une tribune libre dans la Presse d’Armor et une rencontre avec les élus paimpolais, j’ai effectué un diagnostic agronomique-écologique et hydraulique de l’amont du Canon à Plourivo (dans le respect des distances du confinement de novembre…). Ce diagnostic portait notamment sur la connexion des parcelles agricoles et des habitations au réseau hydraulique, sur les zones humides et bien sûr sur le tout petit chevelu hydrographique. J’ai exploité les résultats de ce diagnostic dans un courrier adressé au président de Guingamp-Paimpol Agglomération (voir article de ce blog du 13 janvier 2021).

                Avec notamment les tempêtes Alex puis Bella, l’hiver a pour le moment été particulièrement pluvieux avec environ 700 mm de pluie cumulées à Paimpol du premier octobre à début février (source infoclimat) : cela représente le double de la pluviométrie normale du secteur (le cumul sur le même période est de 361 mm en moyenne sur 42 ans à Pleumeur-Gautier: station Terre d’Essais).

Les effets du changement climatique se traduiront probablement pour nous par une augmentation de l’intensité des évènements de pluies intenses, des retours dans le temps plus rapprochés et par ailleurs des épisodes de plus en plus fréquents de sécheresses estivales. Face à ces enjeux, nécessitant une meilleure résilience de nos territoires, je continue de formuler le vœu que les actions préventives, les moins onéreuses, soient systématiquement privilégiées aux dispositifs curatifs, et que l’action collective soit systématiquement privilégiée.